La compagnie des loups [Haruka]

Toni avait travaillé toute la matinée sur un bouquin qu'on lui avait commandé. Une reliure à la française nécessitait une couture et un assemblage tout en finesse des différents feuillets. Puis il devait décoré la couverture de cuir en lettres dorées pour en revêtir l'ouvrage plus tard. Coincé entre des étaux de fer, Toni n'avait plus qu'à attendre que les collages de consolidation fasse leur travail. Il s'étira longuement tout en se demandant ce qu'il pourrait bien faire pour se détendre le temps que la colle prenne. Et s'il se faisait un petit cinoche ? Il consulta rapidement les séances sur internet. Il fut surprit de voir que le film de Neil Jordan, la compagnie des loups, qui datait pourtant de 1984, était redistribué en salle à Tokyo. Une aubaine ! Ce film allait certainement créer la polémique à Tokyo, avec tous les lycans et autres créatures qui vivaient désormais au milieu des humains. En attendant, avant qu'il n'y ait des émeutes et des ouragans d'opinions, Toni se dirigeait déjà vers les salles obscures.

Il n'était pas le seul spectateur de la première séance de l'après-midi. Il y avait quelques couples venus se divertir, ou se faire peur, ou se tripoter dans le noir. Quelque soit leur motivation, Toni constata qu'il était le seul homme non-accompagné. Pour se "consoler" il se prit un paquet de pop-corn. Tout le long du film, Toni riait à gorge déployée devant la médiocrité de ce film qu'il avait pourtant vu au moins trois fois. Tant de clichés, tant de nullité dans les effets spéciaux, et un scénario tellement insipide... Au moins, cela avait le mérite de faire rire Toni aux larmes. Il dérangeait certainement les autres spectateurs qui n'étaient pas vraiment dans une ambiance à rire. Toni pensait en lui-même :

*Ne me dites pas que vous êtes là pour la qualité du film !*

Et il riait de plus belle, ne pouvant s'en empêcher.

Il ne faut pas croire comme ça, mais le métier de psychologue est quelque chose de fantastique. C'est ce que s'était dis vaguement Haruka quand il avait appris qu'il avait encore une après midi de libre dans son emploi du temps. D'une certaine manière, ça l'arrangeait, car ce n'était pas le seul métier qu'il exerçait, aussi décida-t'il d'aller faire un détour au QG pour un petit briefing...ça ne fait jamais de mal.
Il quitta son lieu de travail tranquillement et parcouru les rues de la ville sans se presser. La température n'était pas mauvaise et il avait remonté les manches de sa chemise qu'il avait également laissée ouverte sur un t-shirt col V noir. Il avait depuis longtemps pris l'habitude de s'habiller décontracté, même lorsqu'il s'agissait d'aller s'adresser à ses supérieurs directs qui pour la plupart étaient des mafieux en costard.

L'ombre, perdue dans ses pensées, s'arrêta néanmoins en milieu du trottoir lorsqu'il passa devant un petit cinéma qu'il n'avait jamais vu auparavant. Ne se souciant pas des passants qu'il empêchait de progresser en paix sur la voie publique, il leva ses yeux sur les affiches des films en salle actuellement et resta là un bon moment à les contempler, un air magnifiquement neutre collé au visage.
Plus il y réfléchissait, plus la dernière fois qu'il avait posé les pieds dans un cinéma lui semblait lointaine et floue. Le titre d'un film en particulier attira son attention, il s'agissait de la compagnie des loups, un film britannique dont la date de sortie lui était bien connue. C'était à peu près durant ces années qu'il avait arrêté sa carrière d'acteur. Envahit d'une vague de nostalgie il entra dans le cinéma et s'acheta un billet pour aller voir ce film dont il avait déja entendu parlé nombre de fois il y a longtemps.
Il pénétra dans la salle obscure un bon quart d'heure après le début du film, et jeta un regard aux places occupées de manière parsemée par des couples qui avaient voulut se donner des frissons à deux dirons-nous. S'avançant au milieu de l'allée, l'Ombre resta debout quelques minutes à contempler l'écran géant, une petit lueur d'intérêt s'allumant dans son regard sombre. Il n'avait jamais joué dans des films de ce genre, son truc à lui c'était plus les films dans lesquel il jouait des samouraï solitaires, en bref les films typiquement locaux mais qui avait beaucoup plus de succès avant. A ses yeux les effets spéciaux médiocres étaient diablement bien fait.

Il entendit un rire dans la rangée à coté de laquelle il s'était arrêté et tourna lentement la tête pour tomber sur un homme. Le premier détail qui frappa Haruka fut son physique, peut banale en somme, avec ses cheveux blonds ramené en natte et ce bandeau sur l'oeil. Le second détail, c'est qu'il était seul. Seul au milieu des paires qui se bécotaient dans le noir. Et il n'en fallait pas plus à Haru pour être encore plus intéressé.

Se laissant glisser entre les sièges, il dérangea un couple afin d'avancer jusqu'à la place à coté de l' 'humain' inconnu et s'installa en silence et avec souplesse à ses cotés. Il jeta un coup d'oeil à l'écran, se demandant vaguement ce qui le faisait tant rire puis invita sa main sans son consentement dans son paquet de pop-corn.

- Vous savez, ce film n'est pas sensé être comique.

Toni eut un frisson inexplicable. Etait-ce la climatisation de la salle qui s'était mise en marche ? Mais non, visiblement, c'était autre chose. Quelque chose qu'il avait ressenti plutôt que senti. Un homme vint s'asseoir à côté de lui. Rien que ça, cela l'intrigua vu qu'il y avait de la place partout. Pourquoi venir là spécialement, se coller à lui ? Toni tourna la tête discrètement. C'était un homme au physique agréable, mais à l'aura étrange. Quelque chose sur son visage était glacé. Mais Toni, souhaitant ne pas paraitre impoli d'emblée, reporta son regard sur l'écran. Il entendit le bruit bien reconnaissable d'un farfouillement dans son paquet de pop corns. C'était étrange parce que ses mains à lui n'étaient pas en train d'aller piocher. Il descendit donc son regard vers son paquet et vit une main qui n'était pas la sienne se servir tranquillement. Elle appartenait à l'homme près de lui bien sûr. Toni souriait, un peu surpris par tant de sans gêne. Pas choqué. Juste surpris. Car il était clair que l'homme ne s'était pas assis là par hasard. Il avait dû le repérer et s'asseoir ici pour une raison encore mystérieuse. Peut-être que c'était simplement pour une envie de quelques pop corns que sa bourse ne pouvait pas satisfaire. Ou peut-être que c'était pour tout autre chose. Il faut dire que Toni ne s'était pas montré excessivement discret dans cette séance.

- Vous savez, ce film n'est pas sensé être comique.

L'homme lui avait adressé la parole mais cela ne levait pas le mystère de sa présence près de lui. Toni le regardait avec un sourire qui trahissait son intérêt intrigué.

"Et vous êtes ?..."

Toni piocha à son tour quelques grains de maïs boursouflés et sucrés. Tout en fixant l'écran, il enchaina :

"Film nul mais sympathique. Je dirais même naïf. Vous aimez ?"

Toni ne précisa pas s'il parlait du film ou des pop corns, mais ça revenait au même. C'était juste pour entamer la conversation avec son mystérieux voisin.

Se désintéressant quelques instants du film diffusé sur l'immense toile, Haruka riva son regard sur son voisin. Celui-ci le regardait à présent, un sourire planant sur les lèvres, comme si le fait qu'un inconnu vienne piocher dans ses popcorns l'amusait. Toujours impassible Haru se contentait d'attendre qu'il réagisse à sa remarque, le détaillant au maximum.

"Et vous êtes ?..."

l'Ombre fut agréablement surpris de la réaction de celui qu'il croyait être un humain fort intéressant, il avait lu dans ses yeux un intérêt qui lui plaisait, c'est tout ce qu'il attendait, car il avait bien une idée en tête et ce n'était pas vraiment d'entretenir de mauvaise relation avec lui, plutôt le contraire même.

Le regard d'Haruka se reporta sur l'écran, semblant se souvenir tranquillement de sa présence puis il alla piocher à nouveau quelques popcorn qu'il porta à sa bouche d'un air un peu absent.

"Film nul mais sympathique. Je dirais même naïf. Vous aimez ?"

Un étrange sourire étira légèrement ses lèvres pâles tandis qu'il tournait à nouveau la tête vers son voisin, il profita que celui-ci se resserve en popcorn pour lui attraper la main, l'air de rien. Elle était chaude, c'était bon signe, il n'était pas un de ces refroidis de vampire...Il lui lâcha la la main, toujours aussi calme, comme si il l'avait fait par erreur en voulant se servir puis répondit à sa question d'une voix trainante et rêveuse, comme si y avait longuement réfléchit.

- C'est...sucré.

Que ce soit le film ou le pop corn, tout deux dégageait une étrange impression de sucré oui, un peu comme un souvenir d'enfance qui, dans le film ainsi que dans la réalité, s'était changé en cauchemar avec le temps. L'ombre reprit, ne quittant plus des yeux l'homme à l'oeil caché.

- Vous n'avez pas peur des monstres ?

Une question quelque peu étrange, surtout posée à un adulte, mais l'ombre s'intéréssait là a des monstres quelque peu différents de ceux présents dans la compagnie des loups.

Tandis qu'il piochait une poignée de pop corn, L'inconnu lui saisit la main avec une rapidité surprenante. Toni en lâcha ses quelques friandises. Non seulement le geste était vif, mais il était délicat, aussi leger qu'un voile de soie. Et furtif. Toni savait désormais qu'il n'avait pas à faire à n'importe qui. Le commun des mortels ne serait pas capable d'un tel acte. Ce que Toni se demandait, outre le fait de connaitre l'identité de son interlocuteur, était le pourquoi d'un tel geste sur sa main.

- C'est...sucré.

Sucré ? Que voulait-il dire par là ? Et de quoi parlait-il ? Toni en avait oublié sa question tant il avait été surpris.

- Vous n'avez pas peur des monstres ?

Toni esquissa un sourire. Ainsi son interlocuteur allait peut-être se dévoiler avant lui. Ou peut-être pas, mais Toni était convaincu qu'ils allaient désormais entrer dans le vif du sujet.

"ça dépend." , répondit prudemment Toni.

Il était fort probable que cette personne soit un des monstres sus-nommés, mais si ce n'était pas le cas, mieux valait ne pas se jeter dans un piège probable. Les deux hommes s'observaient désormais, oubliant le film qui se déroulait devant eux. C'était le cas pour Toni en tout cas qui avait complètement abandonné l'idée de suivre le long-métrage. Il scrutait e visage de l'homme, tantôt amusé, tantôt soupçonneux, mais toujours admiratif. L'aura de cet homme était ...passionnante, son visage était un tableau magnifique et énigmatique, ses réactions étaient imprévisibles. Toni était plus qu'intéressé par ce qui se passerait ensuite. Peut-être qu'il ne se passerait rien, mais les prochaines secondes étaient attendues avec une grande impatience. Comme l'individu restait calme et voilé dans son mystère, Toni tenta de relancer :

"De quels monstres devrais-je avoir peur selon vous ?"

En réponse à la question d'Haruka, l'homme s'était contenté de sourire avant de déclarer vaguement.

"ça dépend."

Une réponse relativement prudente, mystérieuse et qui arracha un léger haussement de sourcils à Haru. Il continuait de fixer son interlocuteur, accrochant son regard au sien comme si il tentait de décrypter une réponse qui pourtant n'avait pas l'air si complexe que ça.

- Je vois...

Il savait parfaitement pourtant que l'humain, ou du moins celui qu'il voulait absolument croire humain, avait compris la profondeur de sa question.
Le silence était retombé, rompu seulement par les sons venant du film et ce venant des couples les entourant. Ne se préocuppant pas d'une chose aussi futile que de maintenir une conversation, l'ombre fut néanmoins content que l'homme au bandeau reprenne la parole, juste parce que sa prochaine question prouvait le fait qu'ils s'étaient compris tout deux :

"De quels monstres devrais-je avoir peur selon vous ?"

Un sourire vint à nouveau planer sur les lèvres de Haru tandis qu'il prenait lentement un popcorn dans le paquet pour l'apporter à sa bouche, regardant toujours son charmant interlocuteur comme si était le film à voir dans la salle.

- Il en existe de toute sorte...Des buveurs de sang, des être modifié, même des hommes à moitié loups.

Son visage reprit l'air sérieux qu'il était habitué à afficher et son regard se fit plus appuyé.

- Mais je ne vous apprend rien, avec toutes ces histoires dans les journaux....

D'un geste tranquille il avança sa main vers le visage de l'inconnu et écarta doucement une mèche blonde venue sur sa joue en se réinstallant sur son siège pour se pencher un peu plus vers lui.

- Si vous restez avec moi jusqu'à ce soir et cette nuit, je pourrais vous protéger de tout ça.

Même si l'homme était tout de même plus baraqué que lui et paraissait également un peu plus agé en apparence, Haruka ne semblait pas le voir comme quelqu'un plus capable de se defendre seul que lui-même.
Pour lui il était un humain -même si il avait tendance à prendre ses désirs pour des réalités- et il avait besoin aujourd'hui de sa 'dose' de chaleur humaine. L'ombre avait souvent tendance à passer pour un pervers ou autre joyeuseté du genre quand il affichait ses intentions... mais en vérité le simple fait de dormir en sa compagnie en lui servant de bouillote était suceptible de le contenter, ce qu'il n'avait jamais vraiment eut le besoin de le proposer en dernier recours...

Les yeux d'Haruka se posèrent sur les lèvres de son interlocuteur, entrouvertes sous le coup d'un étonnement évident. Ses avances verbales et physiques, bien qu'égélament formulée avaient eut un effet qui amusait quelque peu l'ombre, lui arrachant un discret sourire alors que le charmant inconnu répétait, comme si il avait du mal à réaliser :

"... me... protéger ?"

Ne le quittant pas des yeux, Haruka se délectait de sa réaction qu'il trouvait attendrissante. Il s'était peut-être montré un peu direct, mais c'était sa manière d'être et ça ne risquait pas de s'arranger avec le temps, bien au contraire. Il comprenait en un sens que son comportement puisse être dérangeant, mais ne s'en préoccupait guère, se contentant de formuler toujours plus ou moins fidèlement à voix haute quand ça lui chantait.

"Qui êtes-vous ?"

La question avait était posée dans un souffle, Haruka y décela une note de méfiance sous celle de la fascination. Ce dont cet homme était sans doute loin de se douter, c'est que la fascination qu'il éprouvait n'était rien comparée à celle qu'Haru lui portait en ce moment même, même si la sienne s'était habituée depuis très longtemps à se faire extrèmement discrète...
L'immédiat était de répondre aux questions qu'il se posait...

- Je ne suis ni humain, ni monstre...

C'est ainsi qu'il se considérait, inclassable, pire que les monstres dont il parlait en vérité, même pas digne d'exister en tant que 'race' à part entière.

- Et je vis pour protéger les premiers des seconds.

C'était à peu près ce qu'il faisait de sa vie oui, mais Haruka savait pertinament que si il avait désiré se rapprocher de l'homme à l'oeil dissimulé mystérieusement derrière un bandeau, c'était pour une raison moins héroïque et plus charnelle. Il n'était pas un ange gardien qui choisissait ses protégés au hasard, il en était bien loin.
Détournant son regard de celui de son interlocuteur il se pencha un peu plus vers lui et fit doucement glisser sa main sur la cuisse de ce dernier, la survolant du bout des doigts comme une caresse furtive mais équivoque.

- Vous n'avez rien à craindre de moi...Je suis venu car je vous trouve attirant, pas parce que je veux vous manger.

Un air pensif et rêveur s'était à nouveau glissé sur son visage tandis qu'il venait poser sa main sous son menton pour observer à nouveau son séduisant 'humain'.

- Rassuré?

Les lèvres de l'homme aux longs cheveux blonds s'était étirées en un large sourire tandis qu'il répondait à Haruka d'une manière qui lui sembla peut-être un peu trop légère pour être tout à fait sincère...

"Oui. Rassuré. Vous savez, par les temps qui courent, il vaut mieux être prudent lorsqu'on se fait aborder plutôt que de se retrouver à moitié croqué et agonisant au détour d'une ruelle."

L'ombre émit un léger rire, si discret qu'il douta même que son interlocuteur l'ait entendu à cause des bruitages de plus en plus sonores du film qui approchait au dénouement. Il aurait bien voulu le "croquer" comme il le disait si bien, même si ce n'était pas du tout dans les moeurs habituels d'une ombre que de se nourrir d'humain. En vérité il s'imaginait tout à fait la sensation que cela pourrait lui procurer, de mordiller une peau qui dégageait encore tant de chaleur, une peau humaine. Il y avait longtemps...
Cependant que Haruka se perdait dans ses réfléxions, le menton toujours posé sur sa main, son regard ne quittait pas celui de l'homme à l'oeil bleu. Un sourire léger planait sur ses lèvres tandis qu'il percevait dans les yeux de celui qu'il croyait être humain une lueur de désir qui lui plaisait énormément, c'était le genre de regard qu'il aurait aimé pouvoir encore offrir avec autant de facilité et de force...

L'homme rétira le paquet de popcorn de l'accoudoir qu'ils partageaient, allant le poser sur le siège vide à ses cotés, puis se retourna vers Haru, toujours cette même lueur dans le regard. L'ombre avait beau être amusée de la situation, il conserva son éternel calme olympien, se contentant de l'observer en silence en sachant parfaitement que le bel inconnu était tenté de venir chercher son contact. De son coté il n'attendait que cela, patiemment, qu'il vienne de lui même lui accorder un peu de sa chaleur.
Mais il ne le fit pas, et se contenta de déclarer simplement, brisant le silence fasciné qui s'était instauré entre eux.

"Le film est presque fini... Vous qui vouliez me protéger, acceptez-vous de me raccompagner jusqu'à mon domicile ?"

Haruka n'était pas déçu, au contraire le sentiment de frustration qui résultait de la retenue de son interlocuteur réveilla en lui l'envie de se faire encore plus désirer de lui. Il était plutôt mignon d'hésiter comme ça, tout cela lui donnait envie de le faire craquer.

- Je garderai un oeil sur vous. Et même plus...

Il le voulait, et de ce qu'il venait d'entendre, c'était apparemment réciproque. Les intentions de l'ombre avaient été sans doute comprises, et celle-ci ne douta pas un instant qu'en plus de le raccompagner à son domicile, elle se retrouverait vite à y entrer pour faire plus ample connaissance. Mais comme par expérience Haru savait qu'il ne fallait vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, le brun se jura de faire en sorte que tout se déroule selon ses envies. Il aurait pu, si il s'était confronté à un rejet, se trouver un autre humain...mais ça semblait bien parti, et il ne désirait pas d'autre humain non, celui-ci était parfait, il pouvait presque ressentir sa chaleur de là où il était, et de plus, il l'intriguait comme jamais il ne l'avait été...Une sensation étrange qui ne le quittait pas depuis peu...sans qu'il sache d'où elle provienne. Un étrange magnétisme. Différent de celui qu'il ressentait à l'accoutumée.

Après avoir lancé un dernier regard de velours à son interlocuteur il s'étira calmement en s'avançant jusqu'au bout de son siège. Le générique de fin du film avait lentement commencé à défiler sur une musique aux accents étranges.
L'ombre finit par se relever complètement puis décida se sortir de l'allée en passant devant l'homme à la natte dont il ne connaissait toujours pas le nom...mais peut lui importait pour l'instant, ce qu'il devait savoir il le saurait, tôt ou tard.
Il enjamba d'un geste aérien et maitrisé les jambes repliées de l'"humain" encore assis, s'arrangeant pour rendre ce contact furtif un peu plus prolongé qu'il n'aurait dû l'être et lui adressa un sourire serein.

- Allons-y.

Il déboucha dans l'allée et quitta la salle obscure, l'homme de ses désirs à suite, laissant les couples encore présents se bécoter en paix. Il se surpris à penser que le destin lui avait fait là un cadeau intéressant lorsqu'il lui avait soufflé d'entrer dans ce petit cinéma. Il était loin de se douter quelques longues minutes plus tôt, à quel point il apprecierait la compagnie des loups.

[fin]