Lune maudite {pv Tianshi}

ça avait recommencé... La pleine lune était venue, déclenchant l'habituel ouragan dans le corps de Shuhei. Un désir incontrôlé d'abord, ardent, brûlant, violent. Puis la faim, immense et intarissable. Une envie de sang, de chair, de sauvagerie en tout genre. Et la transformation...

Quelques jours plus tôt, les bunkers de la pension n'étant pas fini de construire, Shuhei avait dû cette fois encore partir loin de tout, seul, avec son désir et sa faim. Il n'avait trouvé refuge que dans les égouts de la ville. La transformation avait eu lieue, s'exprimant dans toute son horreur et toute sa violence. Qui pouvait se réjouir d'une telle croix à porter ? Ici, il avait tué une cinquantaine de rats qui n'avaient pas fuis assez vite. C'était triste pour eux mais au moins, grâce à sa présence dans les bas-fonds nauséabonds, Shuhei avait épargné bien d'autres créatures.

Le jour qui suivit la pleine lune, le corps de Shuhei avait retrouvé son aspect normal. Mais nu, frigorifié et meurtrit par les douloureux changements de son corps, Shuhei cherchait un moyen de regagner la surface. Il se trouvait à présent sous une bouche d'égout. Il grimpa à l'échelle de fer, souleva la plaque et regarda discrètement. Il était donc resté tout le jour dans cet endroit ? Car il faisait nuit de nouveau. Là où il se trouvait géographiquement parlant lui permettrait de sortir, même nu comme un verre. Car il était dans une impasse étroite. Mais il était loin de la pension. La question était de savoir comment rentré dans cette tenue. Donc la première mission consisterait à se trouver des fringues. Et questions fripes, par ici, c'était plutôt mal barré.

Shi ne savait pas trop pourquoi il était sorti de chez lui cette nuit-là. Il avait presque oublié qu'il faisait froid à partir d'une certaine heure et était sorti habillé d'un pantalon en cuir gris foncé et de sa paire de docs noires fétiche. Il fumait une cigarette comme à son habitude et chantonnait un air des Sex Pistols, Seventeen. Il était heureux car il pouvait sortir comme s'il était au grand jour et de plus, pas besoin de mettre des tonnes de couches de vêtements pour éviter d'être brûlé.

Il était donc heureux seul et dans le froid, trottinant par moments, sentant la morsure du froid sur sa peau mais n'y faisant aucunement attention. Les rues étaient désertes à cette heure-là et Shi se demanda quelle heure il pouvait bien être. Il continuait de marcher tranquillement lorsqu'il tourna la tête vers une ruelle et le vît non loin de lui, dans l'ombre. Il s'arrêta de chantonner et resta un moment interdit, ne sachant pas trop à quoi s'attendre. Il décida de parler à l'homme qui se tenait dans l'impasse et sortit ses crocs avec prudence.

- Qui êtes-vous ? Vous avez besoin d'aide ?

Ses questions ne visaient qu'à savoir s'il était en danger ou non. Il ne quittait pas son vis-à-vis des yeux et s'attendait à ce que celui-ci lui réponde. Par dessus tout, il espérait que cet homme ne l'attaquerait pas. Il n'était pas d'humeur à se battre en plus.

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Shuhei tournait le dos à l'entrée de l'impasse car dans le fond de celle-ci gisaient quelques poubelles et cartons. Il fouillait sans bruit à la recherche de quelque chose à se mettre sur le dos. Il lui sembla entendre quelques paroles d'une chanson des Sex Pistols, mais il n'y prêta pas plus attention que cela. Il aurait bien chantonné la suite s'il ne s'éfforçait pas de rester discret, afin qu'on ne le surprenne pas les fesses à l'air.

- Qui êtes-vous ? Vous avez besoin d'aide ?

Opération discrétion ratée. Une voix mi menaçante mi inquiète se fit entendre à quelques mettre derrière le lycan. Shuhei s'arrêta de bouger. Etait-ce bien à lui qu'on s'adressait ? Y avait-il une chance pour qu'on ne le remarque pas et que cet individu passe son chemin ? Lentement, prudemment, Shuhei ne tourna que la tête, évitant ainsi de se montrer de face dans une tenue gênante. Du coin de l'oeil, il aperçut un homme en blouson noir, une allure punk, juste dans l'entrée de l'impasse. Plus de doute possible. C'était bien à Shuhei qu'on s'adressait. Ce punk cherchait-il la bagarre ? Cherchait-il quelqu'un à détrousser ? Sur ce plan là, Shuhei ne risquait plus grand chose. Il prit un bout de carton et le plaça devant ce qui constituait la partie la plus intime de son anatomie et se tourna lentement vers l'homme. L'espace d'un instant, dans la lumière du réverbère, Shuhei cru entrevoir deux canines bien distinctes dans la bouche de l'homme au blouson noir.

"Qui je suis... n'a que peu d'importance. Mais de l'aide...ça je ne dis pas non."

C'était une rareté que Shuhei accepte de l'aide proposée. Généralement, il se démerdait toujours tout seul. Mais là, dans la société actuelle, se balader à poil dans les rues de Tokyo n'était pas forcément une option très alléchante. De plus, il ne trouvait rien à se mettre sur le dos en dehors de ce petit morceau de carton.

"Vous n'auriez pas des fringues en trop par hasard ? J'avoue que ça m'arrangerait bien..."

Il n'avait pas signalé à l'homme qui se trouvait maintenant face à lui qu'il pouvait le voir comme en plein jour et il ne put s'empêcher de le détailler malgré le fait qu'il soit... totalement nu sous son bout de carton. Il éclata de rire et laissa tomber sa cigarette sous le coup de son hilarité. La situation n'était vraiment pas commune et Shi ne regrettait finalement pas d'être sorti ce soir-là. Il trouvait enfin un peu d'animation. Depuis que Yuri avait quitté son studio, Shi s'embêtait un peu seul dans sa boutique mais il essayait de faire avec.

"Qui je suis... n'a que peu d'importance. Mais de l'aide...ça je ne dis pas non."

Shi savait que l'homme se trouvait dans une posture plutôt gênante et il arrêta de rire brusquement comme si tout à coup, il s'en voulait d'avoir ri de lui. Il s'avança légèrement vers lui tout en rétractant ses crocs. Vu l'allure de son compagnon, Shi se doutait bien qu'il n'était pas là pour se battre et prit une attitude tout de suite plus agréable.

- Qui vous êtes a une importance puisque vous vivez ici non ? je ne pense pas que vous soyez à ce point inutile pour ne pas vous accorder plus d'importance que cela. Quant, à l'aide, elle est proposée de bon coeur naturellement.

Il souriait maintenant, une lueur bienveillante dans le regard. Cet homme et son bout de carton très bien placé l'intriguait réellement et il finissait par se demander s'il n'était pas tombé sur une autre des personnalités exceptionnelles de 111. Mais si cet homme était un humain, Shi ne donnerait pas cher de sa peau vu l'état dans lequel il était. Cet homme ne se rendait pas compte qu'il était une vraie tentation dans sa tenue d'adam. Shi s'en passa la langue sur ses lèvres et se perdit dans ses pensées avant de l'entendre reprendre la parole.

"Vous n'auriez pas des fringues en trop par hasard ? J'avoue que ça m'arrangerait bien..."

Shi le regarda attentivement et réfléchit quelques instants, se demandant ce qu'il pourrait enlever sur lui mais rien ne lui vînt à l'esprit. Est-ce qu'il devrait l'amener à sa boutique ? Shi n'en savait rien mais après tout, ce serait déjà mieux que rien. Il aurait presque eut pitié de cet homme si cela avait été dans sa nature pourtant, c'était loin d'être le cas. Il fixa son regard écarlate au sien et prit une voix douce et musicale pour lui répondre.

- Sur moi je n'ai rien. Mais je tiens un magasin un peu plus loin dans la rue ... Si ça vous tente, je peux vous y emmener et vous filer quelques vêtements gratuitement.

Shuhei entendit le rire de l'homme. Un éclat clair et franc, rassurant. Non pas que Shuhei soit particulièrement trouillard, mais on pouvait toujours tomber sur plus fort que soit dans ces rues de Tokyo. Surtout la nuit.

- Qui vous êtes a une importance puisque vous vivez ici non ? je ne pense pas que vous soyez à ce point inutile pour ne pas vous accorder plus d'importance que cela. Quant, à l'aide, elle est proposée de bon coeur naturellement.

Enfin une bonne âme rencontrée au hasard. Shuhei avait envie de le croire. Il était un assez bon juge du regard des gens, et celui de cet homme, ce vampire, bien que rouge, lui inspirait confiance.

- Sur moi je n'ai rien. Mais je tiens un magasin un peu plus loin dans la rue ...Si ça vous tente, je peux vous y emmener et vous filer quelques vêtements gratuitement.

Shuhei hocha la tête.

"ça serait très aimable. Effectivement je ne pourrais pas vous payer ce soir, car comme vous le voyez, je n'ai rien dans mes poches..."

Il n'avait carrément plus de poches en fait. L'inventaire de ses bien était visible d'un seul coup d'oeil. Shuhei s'avança de quelques pas mais s'arrêta au milieu de l'impasse. Il lui sembla voir une langue humecter les lèvres pourpres mais n'en conclut rien. Il espérait juste que le vampire ne le trouve pas à son gout, histoire de pouvoir rentrer entier à la pension 111.

"Quand vous dites 'un peu plus loin dans la rue'... c'est à combien de mètres à peu près ?"

Non pas que Shuhei soit pudique au point de ne pas faire une dizaine de mètres, ou même vingt dans cette tenue, mais il n'avait pas envie de crapahuter des heures dans son plus simple appareil à travers les rues de Tokyo. Néanmoins, si c'était là sa seule chance de trouver des fringues, et gratos encore, alors il s'y préparerait.

"Euh, pour répondre à votre question de tout à l'heure, je suis Akuma Shuhei."

Gardant une main devant lui pour maintenir le carton, il écarta légèrement son autre bras et le fit retomber le long du corps pour souligner sa situation.

"Et il me semble que désormais, je n'ai plus de secret pour vous..."

Il esquissa un sourire. Son sort pour les prochaines minutes était entre les mains de ce vampire au demeurant très serviable.

Le vampire disait s'appeler Holth Tianshi. Un nom qui ne sonnait pas entièrement japonais. Un nouvel éclat de rire retentit dans la petite impasse. Il y avait quelque chose sympathique, non, de chaleureux dans cette voix. C'est une des raisons pour laquelle Shuhei ne recula pas lorsque l'homme s'avança vers lui. Il s'arrêta tout près de Shuhei, à portée de main. D'ailleurs, il passa un bras autour des épaules nues du lycan et approcha sa bouche du visage de Shuhei. Les muscles du lycan se tendirent au niveau du dos et des épaules, prêts à intervenir. Mais ce n'était pas une attaque. Peut-être une simple provocation. De quel ordre ? Pour le moment c'était difficile à cerner. Mais Shuhei n'y décela aucune agressivité :

- Oui, ça pour ne plus avoir de secret pour moi,tu n’en as plus, Shuhei …

Un contact pour le moins... sensuel et un tutoiement. Shuhei était perplexe mais les muscles se détendirent lorsque le vampire le relâcha. Celui-ci retira son blouson et conseilla Shuhei de le placer autour de sa taille pour cacher l'essentiel. Shuhei s'exécuta. Il n'avait pas le choix. Il remercia le vampire pour ce prêt.

"Je te suis."

Shuhei lui renvoya le tutoiement, affichant un sourire. Témoignage qu'il acceptait ouvertement son aide et sa sympathie. Aussitôt après, le vampire prit le bras du lycan et le tira en avant, l'entrainant vers sa boutique située à environ 50 mètres de là, selon les dires de ce "Shi". Le vampire marchait vite. Habituellement, Shuhei aurait pu suivre sans mal. Mais là, courbaturé, fatigué, affaibli par sa métamorphose et blessé au niveau des reins, sûrement une morsure de rat, il trainait et peinait à suivre le rythme imposé. Pourtant, il fit de son mieux pour ne pas ralentir le punk, car il était pressé de pouvoir se vêtir.

[je te laisse prendre la suite ]