troubles & amusements [PV Toni]

Tooru était sonné. Beaucoup de choses tournaient dans sa tête tandis qu'il errait à son habitude dans les rues de Tokyo. Il voulait essayer quelque chose de nouveau. Quelque chose qu'il n'avait jamais fait depuis qu'il était là. Son esprit se perdait à nouveau dans des pensées lointaines et peu normales pour un gamin de son âge mais, Tooru s'en foutait totalement. Pour une fois, il ressentait une immense envie de s'amuser, de profiter de ce qu'il avait et de ce que cette vie lui offrait. Ce parc d'attraction qu'il aperçut au détour d'une route le fit sourire. Il s'avança vers l'entrée et comme d'habitude, on regard s'émerveilla devant tout les stands de bonbons ainsi que les attractions toutes plus folles les unes que les autres.

Un vrai petit garçon. Sa vraie personnalité peut-être... Toujours est-il qu'il regardait tout cela avec envie comme si plus rien d'autre n'existait. Il avait envie de s'amuser, de prendre du bon temps et d'oublier ses problèmes. Il allait donc se payer une soirée ici. Cela le rendait fou de joie comme légèrement nostalgique. La seule fois où il était venu dans un parc d'attraction, c'était avec sa mère et depuis, il n'avait plus jamais osé s'y aventurer. Seul, il ne savait pas comment s'y prendre ni même quoi faire. Pourtant, il ressentait vraiment l'envie de s'amuser et de profiter. Un simple souvenir pouvait donc tout briser. Il s'approcha prudemment d'une des attractions, celles à grandes vitesses et se recula puis se ravança pour finalement se mettre dans la queue. Il devait avoir l'air... vraiment con à hésiter comme cela. Pourtant, il voulait se persuader qu'il pourrait le faire. Que cette attraction, il pourrait la surmonter, seul...

Tooru continuait à hésiter tandis que la foule s'avançait. Il ne faisait pas attention à son environnement extérieur si bien que lorsque l'inconnu s'approcha de lui, il ne le sentit même pas.

"Tu as peur de la vitesse ou... qu'on te recale parce que tu n'as pas la taille requise pour entrer dans les harnais ?"

Tooru grimaça et se crispa d'un coup avant se sentir l'ironie qui traversait la voix de cet inconnu. Il relâcha ses muscles et se détendit, rigolant légèrement sous la remarque de cet homme. Il se décida à se tourner vers lui et aperçut qu'il était... vraiment plus grand et plus imposant que lui. Cela le fit légèrement frissonner tandis qu'il évaluait sa force tout en continuant la conversation.

- J'ai pas peur. C'est juste que, je l'ai jamais fait tout seul ça... Et je suis assez grand pour rentrer dans les harnais.

Il lui fit une fausse mine boudeuse et croisa les bras comme s'il l'avait vexé même si ce n'était pas du tout le cas. Il eut du mal à garder son sérieux devant le ridicule de son propre comportement et finit par rigoler doucement. Cela faisait un moment que le jeune tsuki ne s'était pas laissé aller à rire franchement et, il appréciait finalement de pouvoir le faire en ce moment même. Il en fût presque gêné tellement cela faisait longtemps....

- Et vous ? Pourquoi vous êtes venu tout seul ? Vous êtes perdu ?

Il montrait un intérêt soudain pour cet inconnu comme si cela lui faisait oublier la queue et l'attraction qui étaient derrière lui. Manipulation ou simple curiosité ? on ne pouvait savoir... le Tsuki mêlait à merveilles les deux en ce moment là et ne fit rien pour montrer à cet homme qu'il ne voulait vraiment plus monter dans ce genre de manèges.

"Perdu ? (rires) ...Oui on peut dire ça comme ça."

Tooru le regarda d'un air légèrement fasciné. Son rire l'attirait, il était tellement libre de toute impureté que cela le rendait inaccessible et presque effrayant. Tooru frissonna légèrement tandis qu'il regardait la stature de l'homme en face de lui. Beaucoup plus grand et beaucoup plus musclé, sans aucun doute. Il grimaça doucement avant de se rendre compte que cet homme avait repris la parole d'un ton enjoué.

"Tu es sûr pour la taille ? Parce que si tu veux, on peut leur demander de te rehausser avec un coussin. Ou alors je te prends sur mes genoux."

Tooru se laissa volontiers aller à rire et vit le clin d'oeil de cet inconnu quelques secondes plus tard. Il se sentait bien là, avec lui. Il lui inspirait bizarrement confiance et le jeune Tsuki commençait à se demander pourquoi.

- Mais oui je suis sûr >o< . Je veux pas de coussin et aller sur vos genoux, ça en deviendrait presque troublant... ou gênant qui sait. Je suis si petit que ça pour que vous me proposiez un coussin ou vos genoux ?

Tooru continuait de parler tout en rigolant légèrement. Cette visite au parc d'attraction n'était finalement pas une perte de temps et le Tsuki s'en félicitait.

"Tu préfères pas bouffer un truc plutôt ? J'ai la dalle moi !"

Manger... *.* Ce mot faillit faire sauter de joie le tsuki. Manger, lui proposer d'aller manger... Il sourit avidemment et planta un regard plein d'envie dans celui de l'homme en face de lui, répondant d'un ton affamé.

- Manger ... Si vous connaissez un truc sympa pas très loin d'ici, j'accepte volontiers de manger avec vous. Je dois avouer que... l'attraction me plaît moins que de manger quelque chose.

Il rigolait encore. Finalement, il n'avait pas si faim que ça, mais louper cette attraction pour avaler quelque chose semblait être la bonne issue. Surtout que l'inconnu de la file d'attente lui avait proposé de manger avec lui.

"Une grillade ?"

Le tsuki dévisagea quelques secondes l'homme qui se tenait devant lui et lui sourit franchement. Il venait de déceler dans le regard de cet inconnu, un éclat d'envie soudain lorsque celui-ci avait prononcé le mot grillade. Cet éclat, il n'en avait jamais vu de pareil auparavant. Cet éclat semblait être tellement plus qu'une simple envie que le Tsuki regarda l'homme avec un visage admiratif. Il lui répondit d'un ton amical tandis qu'il pensait déjà à la manière dont il allait pouvoir s'empiffrer euh... je veux dire manger.

- Ça me va parfaitement \o/

Il le regarda d'un air enchanté, lui et sa démarche si irréelle, lui et cette impression éphémère qu'il laissait derrière lui. Tooru eut l'impression que s'il n'essayait pas de le rattraper, il ne pourrait plus jamais se raccrocher à lui, qu'il ne pourrait plus passer un aussi agréable moment à rire que celui-ci. Il était perdu dans ce qu'il semblait être des pensées bizarres lorsqu'il s'aperçut que l'inconnu venait de se retourner tout en l'interpellant.

"Tu viens pas ?... Au fait, t'as un nom ou quelque chose ? Un surnom ? Un pseudo ? Pour moi ça s'ra Toni !"

Tooru resta hébété quelques secondes et ne répondit pas à sa première question puisqu'il courut littéralement vers lui pour s'arrêter finalement juste devant celui qui venait de lui révéler son nom, agrippant sa manche d'un geste ferme tout en levant vers lui un regard amusé.

- Oui, j'ai un nom. Je m'appelle Tooru. ça me fait plaisir de t'avoir rencontré, Toni...

Il avait dit cette dernière phrase sous le coup d'une envie soudaine de lui montrer qu'il appréciait le moment même si pour l'instant, cela ne faisait pas longtemps. Pourtant, un simple éclat de rire peut lier n'importe qui à quelqu'un d'autre. Le jeune Tsuki leva son regard pour l'accrocher à celui de Toni et lui sourit d'un air presque heureux. Malheureusement, il avait faim ou plutôt de plus en plus faim si bien qu'il tira Toni vers le restaurant qu'il avait apparemment choisi et tout cela, en rigolant légèrement.

"Grillade alors. C'est partit !"

Ils s'étaient installés, avaient commandé et le serveur leur avait presque immédiatement amené tout ce qu'ils avaient demandé. Tooru ne sut jamais combien de kilos de viandes et de pommes de terre il avait ingurgité durant ce repas mais... a en sentir son ventre légèrement rond, il du conclure qu'il n'avait pas trop mal mangé. Il rigolait de voir les visages des gens aux alentours curieux ou outragés devant une telle manière de se rassasier mais...le tsuki s'en foutait comme de l'an quarante. Partager un tel moment avec quelqu'un qui mangeait plus que lui le fit sourire. Ils étaient bien là, à défrayer la chronique. Après tout, certains disaient bien que l'on pouvait en apprendre beaucoup sur les autres rien qu'en les regardant manger. Cette technique aurait pu être applicable ici tellement les deux hommes mangeaient et n'échangeaient mot...

Tooru sortit presque gaiement du restaurant lorsqu'ils eurent fini leur repas et c'est avec le ventre légèrement ballonné qu'il cala son rythme de marche à celui de Toni, le suivant jusqu'à un carré de pelouse, se laissant tomber avec fracas contre le sol en rigolant toujours. Tooru, bourré ? non... Il semblait juste que le tsuki s'amusait vraiment de cette rencontre et qu'il prenait un malin plaisir à partager un moment avec Toni. Il avait sorti un étrange boitier alors qu'ils n'avaient pas échangé un mot depuis qu'ils étaient assis. Toni en sorti des cigares et en proposa un au jeune tsuki.

"T'as l'âge ?"

Tooru rigola légèrement et s'empara sans attendre du cigare qu'il mit à sa bouche avec un air faussement vieux jeu.

- Y a pas d'âge pour ça, c'est comme l'alcool.

Il se rapprocha de Toni et commença à fouiller dans ses poches pour voir s'il y trouverait un briquet.

"Hola, Hola ! T'as les mains baladeuses toi ! Arrêtes ça chatouille."

Tooru avait perçu le doux rire de Toni lorsque celui-ci avait mis le cigare à sa bouche. Il avait vu tellement de vieux mettre leur cigare de cette manière qu'il aurait pu l'imiter encore des milliers de fois sans jamais se tromper. Et puis, entendre le rire de son compagnon le rendait légèrement heureux. Il aimait se donner en spectacle, c'est clair pourtant, cette fois-ci, il eut l'impression que le sentiment qu'il ressentait était tout autre. Un sentiment qu'il n'avait pas senti depuis bien longtemps. Pour une fois, le Tsuki se sentait utile. Pour une fois, il avait l'impression d'être important, de compter pour quelqu'un même s'il ne connaissait pas encore Toni. Il espérait au fond de son coeur que tout ne s'arrêterait pas comme ça, juste après cette rencontre fortuite mais tellement agréable pour Tooru.

- J'ai pas les mains baladeuses... je cherche quelque chose alors arrête de grogner..

Tout avait été dit d'un ton amusé, son rire perçant toujours légèrement ses phrases tandis qu'il essayait encore de trouver le briquet de Toni. Il grommelait doucement devant la tâche qui semblait plus ardue que prévu et finit enfin par le trouver au fin fond d'une poche latérale de jean. Tooru fixa quelques instant le briquet avant de remarquer le petit drapeau français gravé dessus. Alors comme ça, Toni serait français et non japonais ? Le jeune tsuki regarda d'un air presque émerveillé le briquet qu'il tenait dans sa main avant de le porter au bout de son cigare et de l'allumer d'un geste calme et maîtrisé, s'occupant ensuite de celui de Toni avec un grand sourire. Cette sortie lui plaisait, indéniablement...

"Le briquet, tu peux le garder."

Tooru releva des yeux étonnés vers Toni et ne put s'empêcher de retenir un hoquet de surprise. Ce briquet... Toni semblait y tenir et Tooru n'avait pas l'habitude de recevoir des cadeaux de ce genre. Il n'avait pas l'habitude d'en recevoir du tout d'ailleurs. Cela lui fit un léger pincement au coeur tandis qu'il sentait ses yeux s'embuer lentement derrière une couche de larmes douces et amères. Un tel cadeau, si petit soit-il, avec une gentille intention ou non combla le tsuki. Ce n'était certes pas le plus beau cadeau du monde pour chacun de nous mais pour Tooru, ce briquet valait maintenant tout l'or du monde et on ne lui aurait piqué son nouveau cadeau pour rien au monde.

- Merci, Toni...

Sa voix venait de se briser légèrement tandis que le tsuki essayait de retenir ses larmes par dessus tout. Il ne voulait pas montrer ses faiblesses maintenant, surtout celle-là en fait... juste parce qu'elle révélait que ses parents n'étaient pas très attachés à lui, juste parce qu'elle révélait qu'il n'avait jamais rien reçu, juste parce qu'elle révélait que le tsuki ne servait à rien en ce monde pour peu qu'il aide les autres.

"Personne ne va s'inquiéter de ne pas te voir rentrer chez toi ?"

Tooru le vit tirer deux longues taffes sur sn cigare et ne dit mot, appréciant de le voir à côté de lui, comme cela, calmant doucement ses larmes silencieuses tandis que Toni venait de lui demander peut-être la seule chose qui aurait pu le mettre dans un état pire que celui dans lequel il était déjà. Pourtant, le Tsuki se retînt et tira naturellement sur son cigare avant de laisser son regard se perdre doucement, répondant d'un ton tremblant.

- Personne ne m'attend... jamais.


[ Désolé... Roman T-T ]

"Jamais ?..."

Tooru n'avait dit mot. Cela revenait à montrer que ce que venait de répeter Toni était vrai. Le jeune Tsuki le regarda presque intensément tout en se rappelant l'horreur de cette nuit-là. Une horreur qui ne le quittait désormais plus. Le corps inerte de son père troué d'une simple balle de colt, puis sa peau lacérée, son torse broyé, sa bouche tuméfiée et ses yeux arrachés, tout suintait le sang du corps de celui qu'il n'avait jamais considéré comme son père. Tout tourbillonnait dans sa tête. Le départ de sa mère, l'assassinat de son père, son errance à travers le Japon sans savoir où aller, qui croire ou quoi faire. Sa vie, s'il en avait une, se résumait à aider les autres sans rien demander en retour. Il était perdu à nouveau dans ses pensées quand Toni reprit la parole. Il semblait légèrement préoccupé et un peu inquiet. Le jeune Tsuki frissonna doucement avant d'entendre sa voix.


"Tu veux dire... t'as pas de maison ?"

Tooru fixait à présent son regard vide de tout droit devant lui et tira sur son cigare comme un petit vieux. Il semblait porter un poids énorme sur ses épaules et tout se concentrait à présent dans son coeur qui semblait sur le point d'exploser. Tout lui revenait à la gueule comme un coup de poing. Savamment dosé pour faire souffrir interminablement Tooru... S'il devait se rappeler de toutes ses erreurs, la pire de toute était celle d'avoir cédé à Shido quelques temps auparavant. Cependant, il regrettait aussi amèrement d'avoir tué son père. Ou du moins, cet homme qui avait vécu avec lui. Ses larmes repartirent de plus belle mais cette fois-ci, il n'essaya même pas de les retenir. Ses larmes exprimaient sa douleur. Cette douleur qui ne s'éteindrait peut-être jamais. Cette douleur qu'il devait subir chaque jour pour tenter de vivre toujours plus longtemps. S'il avait voulu partir, ses tentatives de suicide auraient été fructueuses si le Tsuki ne s'était pas arrêté à la dernière seconde. 111... il s'y était inscrit, avait une chambre là-bas mais cette chambre n'était pas la sienne. Il ne se sentait bien nulle part et s'il sortait ainsi presque tout les soirs, c'était juste pour éviter quelconque compagnie venant de ce lycée. Le Tsuki ne pouvait se résoudre à s'y sentir chez lui.

- Non. J'ai tué mon père il y a quelques années déjà et ma mère... s'est tiré avant parce qu'il était alcoolique et défoncé à longueur de temps, devenant souvent violent. j'ai quitté cette maison, rejoint 111. Mais cette école n'est pas ma maison. Je ne m'y sens pas bien même le soir. Du coup, je fuis cette immense baraque juste pour me sentir mieux.

Son ton était rauque et calme, bercé de temps à autres par des larmes furtives.

"Moi aussi j'ai tué. Beaucoup. Mais tu vois, dans ce monde de merde, ya que deux catégories : Les faibles, et les tueurs."

Il sentit Toni se rapprocher de lui et s'asseoir près de lui tout en passant un de ses bras autour des épaules du jeune Tsuki. Tooru s'en étonna quelques secondes avant de sentir le poids du bras de Toni peser son poids sur ses épaules. Cela ne le gênait pas le moins du monde. Il n'avait jamais senti quelqu'un lui entourer les épaules de cette manière. Il n'avait jamais été proche de quelqu'un avant d'arriver à 111. Cette étreinte chaste troubla le Tsuki dans sa vision des choses. Il n'avait jamais senti autant de douceur envers lui, autant de considération. Son coeur battait à lui en arracher les poumons. Il se sentait seul, tout le temps ou presque. La solitude de l'âme est une chose que peu de gens pouvaient comprendre apparemment. D'aussi loin qu'il se souvienne, le Tsuki avait toujours aidé sans rien recevoir en retour. Une simple étreinte de la part de Toni fit tout voler en éclats.


"Les tueurs ne sont pas tous des salopards. Certains tuent par nécessité. C'est comme ça. C'est pas forcément plus facile à porter, mais si tu ne l'avais pas tué ton paternel... Il t'aurait bousillé la vie d'une autre manière non ? Tu as fait un choix. C'est comme ça qu'on avance."

Il le regardait tirer sur son cigare de ses yeux embués tandis qu'il baissait encore la tête pour essuyer les quelques larmes qui recommençaient à couler sur ses joues. Ce fût à ce moment là que le Tsuki ne put s'exprimer. Il avait la gorge serrée et un noeud venait de se former au niveau de ses cordes vocales tandis qu'il avait l'impression de s'être arrêté de respirer. Son paternel... peut-être bien qu'il lui aurait rendu la vie encore plus difficile. Après tout, ce dont Tooru avait le plus besoin était de l'affection. Et il n'en avait jamais eu. ou jamais de pure du moins. Sa mère n'avait jamais eu l'idée de se montrer tendre avec lui. Son père pensait que la douleur faisait vivre et grandir. Kimiko lui avait donné un peu de ce qu'il voulait mais il ne pouvait rien espérer d'une vampire ni même du lycan qu'il avait rencontré quelques temps auparavant. Il avait reçu de l'amour mais tant d'amour factice le rendait malade. Malade de vivre, malade d'espérer...

"Je suis pas en train de te féliciter hein, mais je comprends ton choix."

Il sentit la main de Toni remonter doucement vers sa nuque, puis caresser d'un geste assuré ses cheveux pour aller se perdre tout en haut de son crâne. Il le sentit l'attirer contre lui et Tooru se laissa faire, las. Il laissa ses larmes douces et amères rouler contre la chemise de Toni tandis qu'il déposait sa tête contre son torse d'un geste impuissant. Tout lui échappait. Il ne contrôlait plus rien et il avait peur. Peur de ne plus pouvoir être lui-même, peur de ne plus savoir qui croire ou non. Peur de se voir retirer les choses les plus importantes à ses yeux, même si cela avait déjà commencé. Il renifla une fois, sentant ses larmes se calmer peu à peu.

- Toni...

Tooru sentit que la main de Toni continuait de lui caresser la tête et il tressaillit légèrement, frissonant sous les gestes d'affection du lycan. Toute la douceur de Toni, Tooru ne savait pas trop comment le prendre si bien qu'il se contenta de pleurer contre lui, déversant sa tristesse et son mal être contre le torse de celui en qui il avait le plus confiance en ce moment même. Il ne le connaissait pas pourtant, il voulait croire qu'il pouvait lui faire entièrement confiance et croire en lui, totalement.

Il entendit un léger bruit, montrant que Toni venait d'écraser son cigare et sentit ses deux bras l'entourer doucement, sa joue venant se poser contre la tête du Tsuki. Protection... Les larmes de Tooru dévalèrent encore ses joues tandis qu'il se rendait compte de ce que lui offrait Toni. Protection... Tooru passa se desserra quelques instants de lui et finalement, se remit à califourchon au dessus des jambes de Toni, passant ses bras autour de son cou en le serrant très fort, laissant ses larmes dévaler cette fois-ci le cou de celui en qui il avait maintenant confiance.

- Tu m'abandonneras pas, hein ... ?

Le ton s'était fait doux, suppliant et presque brisé. Après tout, le jeune Tsuki ne demandait qu'à vivre pour ce qu'il croyait avoir de l'importance. Et Toni en avait à ses yeux maintenant...

"Non... Jamais. Je suis là. Je serais toujours là."

Tooru avait senti une légère hésitation lorsque Toni lui avait répondu. Pourtant, lorsqu'il passa ses bras autour de lui, le jeune Tsuki oublia ses apréhensions et se décida à faire totalement confiance à l'homme qu'il serrait entre ses bras. Son étreinte était chaste, pure, douce et Tooru se surpris à aimer ce contact entre lui et Toni. Protection... Il se sentait en sécurité avec lui et si ça ne tenait qu'au Tsuki, il resterait auprès de lui toute sa vie. Cependant, il savait très bien qu'il ne pouvait pas se permettre d'ennuyer Toni en le collant ni même en se montrant trop affectueux. Après tout, l'homme qui était en face de lui devait tenir à sa liberté et Tooru en lui demandant de rester avec lui, avait eu une attitude égoïste. Il resserra son étreinte et dit d'une voix presque peinée, affichant son désarroi et sa tristesse légère.


- Toujours là, ça fait loin ça... pas pour me déplaire.

il sourit légèrement dans son cou en se rendant compte de la teneur de cette promesse puis se raidit légèrement en pensant à la mort. Tooru.. il devrait partir un jour et Toni aussi non ? Toujours... est-ce que ça en valait la peine ? Le Tsuki resserra encore plus fort ses bras autour de son cou tout en se collant à lui. Il ne voulait pas penser à ça. Parce que ce serait triste et qu'il ne pourrait pas y échapper. Parce qu'à l'idée de perdre celui qu'il voulait considérer comme son "Ange Gardien" le ferait mourir de douleur.

"Restes pas tout seul ce soir. Dis moi ce que tu veux faire. Tu veux qu'on marche toute la nuit ? Qu'on reste ici à regarder le ciel et à refaire le monde ? Si tu veux rentrer à 111, je te raccompagnerai. Si tu veux autre chose, dis le moi. Ce soir on est deux."

Tooru se figea quelques secondes et baissa la tête pour venir la poser au creux du cou de Toni. Il prit la parole d'un ton doux et pourtant légèrement effrayé tandis qu'il réfléchissait à toute vitesse.

- Je ne veux pas retourner à 111...

Il soupira doucement avant de reprendre la parole, un peu gêné de sa demande.

- Je... je me demande si... les cinémas sont encore ouverts à cette heure..