Pour une nuit d'éternité [PV Toni]

"On a qu'à aller voir. Et puis si c'est fermé, on ira partout ailleurs. On s'en fout, on a toute la nuit, toute la vie. On fait ce qu'on veut."

Toni lui avait ébouriffé les cheveux et Tooru rigola en sentant son geste sur son crâne. Il se sentait bien, là, avec Toni. Il se releva doucement et essuya une dernière fois ses joues avant d'offrir un sourire radieux à son compagnon, lui tendant la main pour l'aider à se relever également. Une fois qu'il sentit sa main dans la sienne, il la serra fort et le tira derrière lui en chantonnant un léger air de mozart, Requiem, chapître du Dies Irae. Cela avait comme un air de renaissance et le Tsuki se plaisait à écouter ce genre de musique. Il se demandait toujours pourquoi seule cette musique l'apaisait et le rendait heureux. Peut-être simplement parce qu'elle parlait de la mort.

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Tooru tirait toujours Toni derrière lui tandis qu'ils arrivèrent en ville, plus précisément dans le quartier des théâtres et autres cinémas. Le Tsuki n'était jamais venu ici, il se demandait même comment il avait pu trouver sans regarder un plan. Il finit par se planter devant le cinéma, regardant toutes les affiches tandis qu'il resserrait ses doigts autour de ceux de Toni. Il lui jeta un coup d'oeil, intrigué puis finit par frissonner. Il était impatient de partager quelque chose avec son Ange Gardien. Quelque chose de beau et qui lui resterait en mémoire éternellement. Quoi de mieux qu'un film ? Tooru le regarda ensuite longuement et se risqua à des mots, simples mais qui lui rappelait pourtant la dureté dont son père faisait preuve lorsqu'il y répondait.

- Toni... tu peux choisir le film, je te suivrais.

Le choix, qu ce soit pour un film ou n'importe quoi d'autre effrayait toujours Tooru. Il n'avait jamais eu le choix jusqu'à présent et ne voulait pas connaître ça. Il avait toujours vécu sous l'emprise du destin sans même chercher à savoir si choisir aurait changé la donne. Et puis, sa vie commençait à prendre un autre sens, plus chaleureux aux côtés de Toni et des autres...

"Bah... j'sais pas moi. Qu'est-ce que t'aime ?"

Qu'est-ce que le tsuki aimait ? Personne n'avait jamais pris la peine de le lui demander avant ce jour. Il ne savait même pas ce qu'il aimait au fond de lui. Lorsque la question avait retentit à ses oreilles, Tooru se raidit légèrement et resserra la prise de sa main sur celle de Toni. Il vit son autre bras se lever et pointer du doigt les affiches une par une.

"ça, ça à l'air bien gnian-gnian. Mais après tout si tu aimes les comédies romantiques, ça me va. Hmmm... ça c'est un psychodrame apparemment, bof, ah ça c'est un film catastrophe avec des terroristes et tout, et ça... c'est le genre suspense / Horreur."

Tooru leva des yeux étonnés vers les affiches, suivant le doigt de Toni des yeux tandis qu'il semblait réfléchir. Un genre de film.. à vrai-dire, il n'en avait aucune idée de ce qu'il aimait. Sûrement un truc sanglant, un truc violent qui pourrait calmer pour un temps les envies suicidaires et radicales du jeune Tsuki. Il sentit Toni le regarder et leva les yeux vers lui.

"Une préférence ?... Vas-y choisi."

Tooru eut un léger frisson et essaya de choisir, de donner son avis mais ses lèvres restèrent closes juste après le premier mot.

-Mais...

Tooru baissa à nouveau la tête comme s'il était honteux et entendit à nouveau la voix de Toni retentir à ses oreilles, le faisant sursauter.

"Te stresses pas. Tu sais moi tout me va. Et j'aimerai bien savoir ce que tu aimes comme genre."

Tooru serra ses doigts aux siens et releva la tête vers lui d'un air toujours un peu perdu. Il ne comprenait toujours pas le fait que Toni soit si gentil avec lui. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée que tant de gentillesse était possible à son égard.

- Je... je voudrais un truc...sanglant...gore...et violent..

Tooru se tourna vers lui, ne lâchant toujours pas sa main, agrippant son bras de sa main libre tandis qu'il sentait le corps de Toni secoué de sursauts tandis qu'il se mettait à rire.

"Bon ou alors je t'emmène au théâtre pour 4 heures sans entracte de représentation de NÔ incompréhensible et chiant. Ou bien je te ramène au manège que tu voulais pas faire et je t'y attaches pour cinq tours consécutifs. Qu'est-ce que tu préfères ?"

Tooru fit une moue boudeuse et se serra contre lui pour profiter de son corps si rassurant avant de lui répondre d'un ton faussement boudeur, rigolant ensuite aux mots de Toni.

- J'aime bien le NÔ moi... par contre le manège..je veux pas, j'aime pas tout seul. T'as promis de pas m'abandonner...

Tooru le regarda intensément en attendant que Toni décide de ce qui allait suivre. Parce que Tooru ne voulait malgré tout, toujours pas choisir même s'il avait dit ce qu'il aimait ou du moins ce qu'il croyait aimer.

"J'ai promis. Je tiendrai parole."

Tooru n'aurait jamais cru que Toni confirmerait une nouvelle fois sa promesse. Malgré tout, entendre ces mots rassurait le jeune Tsuki qui ne voulait plus lâcher la main de celui qui l'accompagnait. Il avait confiance en lui, il croyait en lui, il resterait avec lui aussi longtemps que possible parce que c'était auprès de lui que, pour le moment, il se sentait bien. Il sentit Toni resserrer ses doigts autour des siens et l'entraîner dans le cinéma.

"Tu veux grailler quelque chose ? Une glace, des pop corns ? Une bière ?"

Tooru se laissa entraîner et rigola lorsqu'il s'aperçut que le dernier film non commencé était une comédie romantique. Tooru n'avait jamais été voir ce genre de film et ne se souvenait pas en avoir déjà vu un même chez lui. Son paternel avait des goûts très hardcores par rapport au jeune Tsuki même si celui-ci avait un goût prononcé pour le gore et la violence comme son fils. Quand Toni lui demanda s'il voulait boire ou manger quelque chose, Tooru sourit et l'entraîna d'un geste vif vers un comptoir, demandant à la demoiselle qui servait ce qu'il voulait.

- Alors euh... je veux du chocolat, des pop corns, du thé glacé au letchis et hmm... des bonbons au caramel. Et toi, Toni ?

Tooru se tourna vers lui, serrant toujours sa main dans la sienne en rigolant tandis qu'il attendait que Toni choisisse également ce qu'il voulait.

"Une bière et euh... une crêpe."

Tooru rigola et vit Toni manger sa crêpe avant de l'entraîner vers la salle de projection. Tooru était aux anges d'avoir pu tout emmener avec lui et s'était assis au fond de la salle au milieu, histoire d'être à la meilleure place. Toni ne tarda pas à s'asseoir avec lui et le film commença. Tooru mangeait son pop corn à renfort de vivacité tellement ce début de film semblait un peu... mou. Il échangea plusieurs regards avec Toni et rigola doucement en s'apercevant de l'incrédulité de celui-ci qui était, pour tout dire, la même que la sienne. Il semblait à Tooru que l'héroïne ne lui plaise pas. Tooru grimaça lentement tandis qu'il se rendait compte que Toni n'avait pas tort. Trop nulle la nana...

Tooru offrit volontiers de sa nourriture calorique à Toni qui semblait aussi apprécier de manger en ce moment de pure rigolade... pur blasphème que de parler de rigolade à ce moment-là. Pourtant, Tooru remarqua vite que leur réserve de nourriture rapetissait jusqu'à disparaître totalement. Finalement, ils se concentrèrent sur le film et, tellement pris par le ridicule de certaines scènes, les deux hommes se mirent à rire de bon coeur.

Quelques minutes après, un homme plutôt baraqué avait décidé de venir les emmerder. Tooru se crispa lorsqu'il leur demanda de se taire ou alors de sortir. Le jeune Tsuki n'hésita pas longtemps. Il se redressa sur son siège et adressa la parole au bonhomme d'un air légèrement énervé.

- Une comédie, à ce que j'ai compris, c'est fait pour rire. Si ça vous dérange, c'est à vous de sortir, pas à nous !

Et il ponctua ses belles paroles d"une belle langue tirée à celui qui venait de les déranger, le regardant d'un air noir.

"Et bah alors assieds-toi et mate le ton nanard ! Pendant que tu causes tu vas rater la scène d'amour ! On s'en voudrait de te faire manquer la partie la plus soporifique du film."

Mister Gros Bras venait de sortir de sa rangée l'air énervé tandis que Tooru le regardait toujours avec une haine palpable. Cet homme venait de gâcher le moment de plaisir qu'il vivait avec Toni. Le jeune Tsuki n'appréciait pas. Mais alors pas du tout. Il le vit se rapprocher d'eux tandis que la femme qui l'accompagnait essayait de le retenir. Tooru jubilait devant l'attitude du gorille. Il saurait comment tourner la scène à son avantage. Il ne le savait que trop bien. Son apparence allait l'aider sur ce coup-là. Et pas qu'un peu...

"Merde Tooru ! Tu lui as fait peur au monsieur !! Un peu de calme quand même !!"

Tooru laissa un léger rire passer ses lèvres tandis qu'il adressait un clin d'oeil à Toni, qui semblait toujours s'amuser de la situation. Le jeune Tsuki se laissa aller à penser à des choses obscures et commença à pleurer légèrement en désignant l'homme du doigt, prenant une voix enfantine et peinée.

- Il est méchant avec moi le Monsieur, c'est un méchant... Toni..

Il lui adressa un nouveau clin d'oeil tandis que l'assemblée présente autour d'eux semblait se plier cette fois-ci vers le jeune Tsuki. Certains commençaient à râler devant l'attaque du Gorille envers Tooru et celui-ci paracheva sa petite mise en scène en allant s'asseoir sur les genoux de Toni, calant sa tête dans son cou comme s'il pleurait tandis que ses lèvres s'étiraient d'un sourire satisfait.

Tooru s'était assis sur les genoux de Toni et celui-ci venait de refermer ses bras autour du jeune tsuki dans un geste de protection. Cela complétait parfaitement le tableau de désespoir que mettait en place Tooru même si l'étreinte que lui donnait Toni était loin d'être fictive et le jeune Tsuki en profita une nouvelle fois. La douceur de ses bras, la poigne de son étreinte, Tooru appréciait et se blottit un peu plus contre lui. Finalement, il remarqua que son stratagème avait fonctionné. Les gens présents dans la salle s'étaient rangés du côté de Tooru et monsieur gros bras venait de se rassoir, en fermant son clapet.

"Elle est redoutable ta technique. T'es un futé toi !"

Tooru sourit dans le cou du lycan tout en se serrant contre lui avec tendresse. La caresse de sa main dans ses cheveux le berçait doucement si bien qu'il se sentit partir vers un sommeil léger, fermant les yeux doucement tout en se calant confortablement sur Toni.

- Voui, je sais y faire avec les humains...

Le film se continua sans que Tooru ne voie la fin. Il avait fini par s'endormir contre Toni, ne regrettant aucunement de rater la fin. Une étreinte valait bien mieux qu'un film de nunuche après tout. Il ronronnait doucement, endormi contre le torse de celui qui l'accompagnait. Si bien que lorsque le film se termina, il ne bougea pas d'un pouce. ce fut lorsqu'il entendit sa voix si douce et sa main dans ses cheveux qu'il ouvrit à nouveau les yeux.

"Tooru ? ...Le film est fini..."

Il releva sa tête en regardant Toni d'un air hagard et se frotta les yeux en jetant un oeil aux dames et aux monsieurs qui le regardait se réveiller. Il leur tira la langue et se rappuya sur Toni en soupirant doucement. Il était bien là, sur lui et ne voulait pas bouger. Pourtant, il faudrait quitter le cinéma, il faudrait qu'il rentre à 111...

- Oui, faut sortir maintenant... je veux pas...

Il resserra ses doigts sur la chemise de Toni avant de se relever en se plantant devant lui, attendant qu'il se lève lui aussi.

"Ils vont nous sortir à coups de pompes dans le derche..."

Tooru laissa Toni le prendre dans ses bras pour le porter tandis qu'il se faisait doucement à l'idée que la scène des adieux ne tarderait pas. Cela le rendait encore plus triste, encore plus malade de retourner là où il ne voulait pas retourner. 111... le jeune tsuki ne voulait pas y croire. Il allait tellement lui manquer, Toni... Il enroula ses jambes autour de son bassin tandis que la fraîcheur de la nuit glaçait sa peau en entrant directement sous ses vêtements. Sa tête devenait à nouveau lourde alors qu'il cherchait encore la chaleur du corps de Toni, enfouissant sa tête dans le cou de celui-ci, s'endormant légèrement contre son corps.

"Tooru, tu tombes de fatigue... Je vais te ramener."

Tooru acquiesçait doucement de la tête tandis qu'il sentait que Toni marchait. Malgré cela, il ne voulait pas penser à le quitter, il ne voulait pas penser qu'il allait partir en le laissant là-bas, à 111, seul... Le jeune Tsuki sentit ses larmes commencer une nouvelle fois à rouler le long de ses joues et ferma à nouveau les yeux, espérant trouver quelques secondes de sommeil dans une nuit qui promettait être de nature insomniaque.

[Fin, j'ouvre ailleurs...]